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Textes sur ma peinture

par Roland Buraud

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Dans le dernier chant

Dans le dernier chant

Dans le dernier chant

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Je ne sais pas.
J’aime les traversées.
Les plongées sourdes.
Le silence.

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Longtemps la musique me tint lieu de parole écoutée,
mais alors c’était Mozart ouvrant la terre
sous les pieds de Don Giovanni,
Mahler dans le dernier chant, Pergolèse l’ange enfant,
et cette obstinée suspension du temps
dans le deuxième mouvement du Quintet de Shubert.

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On eût dit le silence au moment de s’éteindre,
on eût dit des gestes sans cri,
des cris sans l’espace où l’écho les jouera,
de l’épaisseur sans plein et du temps sans latence.

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Presque rien qui m’engouffre et dont on m’empare
et que je déplie avec la conscience aiguë qu’ici se joue l’Histoire,
qu’ici l’Art dit les mots de l’homme dans sa suite répétée,
convulsive et compulsive,
perfectionnant ses stratégies de survie,
déployant ses rictus, décortiquant ses rites,
et décorant ses deuils.

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Le souffle court est infini. Je recommence qui ? Je finis où ?
La peinture ne répond pas.

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Elle offre, en désignant le vide,
la chaleur d’un baiser froid.

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Pascal Payen-Appenzeller, le poète, l’ami, ici posera les mots qu’il m’a manqué de dire.


Il me les lut en pleurant, ce dimanche de novembre. Il se tenait debout
très tôt dans le matin.

​

Café.

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Roland Buraud

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©2025 par Etienne Buraud

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