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Témoignage 

par l'artiste-peintre Michèle Tassi

Michèle TASSI travaille divers médiums : sculptures, peintures, acrylique, technique mixte  sur toile, encre sur papiers.

Cette dimension de multiplicité est à l’origine d’œuvres qui se proposent de donner forme à un processus d’évolution.

Son travail se donne à voir par série :

Elle travaille sur la ville «Métaphore du silence», concept de la perception du silence et de l’étrange.

Elle met en dialogue ce qui se voit et ce qui se donne à découvrir.

Le  mystère qui émane de ses peintures se poursuit dans de nouvelles séries qui avaient été déjà abordées en sculpture, sur le thème du corps.

Michèle Tassi

Partager l’atelier du peintre Roland Buraud durant quelques mois fut très enrichissant pour ma recherche artistique. Je travaille sur une série de tableaux sur la ville de New-York lorsque, en juillet 2008, Roland me propose de venir peindre dans son atelier durant son absence. Je m’y rends quasiment tous les jours.

À son retour, cinq semaines plus tard, en observant ce à quoi j’avais abouti – une toile sur le point d’être terminée –, il me propose de continuer à travailler dans l’atelier que nous réaménageons à cet effet. Connaissant son besoin de solitude pour créer, je fus étonnée et, ravie, j’acceptai.

Ma rencontre avec Roland Buraud avait eu lieu quatre ans auparavant, en 2004, lors d’une exposition collective à Paris à laquelle il participait. Je fus frappée par sa peinture, ces corps fusionnels entremêlés, entrelacés, abîmés, en lévitation dans un espace indéfini, dont certaines figures « sans figures » me firent penser à des animaux vidés de leurs entrailles, en lambeaux, suspendus dans l’espace, se donnant « aux regards » comme une fin. Nous avons longuement échangé sur son travail.

Suite à nos échanges, il me proposa de venir voir l’ensemble de son œuvre. Je me rendis à son atelier au cœur de Bastille un dimanche après-midi. La « rencontre » avec sa peinture – le peintre – se fit ce jour-là, devant l’immensité de ses tableaux, dans ce qu’ils donnent à voir, portent à ressentir, la réflexion qu’ils suscitent, sombres, puissants, comme un appel au silence. Et puis l’homme dans son infinie pudeur, son élégance dans les mots et… les maux. Dès lors, une amitié naquit. Nos échanges, notre complicité, perdurèrent jusqu’à « son envol ». Ma peinture était différente de la sienne. Éclectique, sa curiosité artistique l’a toujours poussé à s’intéresser à diverses formes picturales. Durant les quelques mois dans l’atelier, nous avons travaillé dans deux pièces attenantes, dans le respect de nos silences, de nos travaux. Nous avions un regard mutuel, constant sur le travail de l’autre. Il nous arrivait de peindre au son de Schubert, Schuman, Mahler… Dans nos instants de pauses autour d’un café, nous regardions l’avancée du travail de chacun. Nous échangions nos impressions. Très ouvert, il aimait recevoir les sensations que suscitait son travail. Il m’arrivait de lui faire part de mes doutes lorsque je remarquais une erreur sur ma toile.

Jamais complaisant, il me conseillait alors ou m’encourageait : « tu vas trouver ! », me disait-il. Nous avons parcouru ensemble de nombreux musées, expositions et galeries. Parfois nous étions en total désaccord sur l’œuvre de certains peintres contemporains. Agacé, il disait, « ouvre ton œil ». Il aimait partager son savoir, comprendre, transmettre. Il me revient cette anecdote : lors de notre dernière exposition au Louvre, nous sommes allés voir la peinture italienne, je fus surprise de m’arrêter sur des détails dans certains tableaux, je lui fis part de mes observations, en souriant, il me dit alors : « tu grandis » ! Nous avons partagé son espace, nos univers, des rires et des silences, des tablées entre amis, des discussions parfois très animées. Son observation du monde, ses points de vue, nos échanges, m’ont permis d’enrichir ma réflexion sur mon travail artistique et d'y poser un oeil nouveau. 

Michèle Tassi. 

Temps suspendu. Équilibre incertain. Entre deux, lieux de départ ou de tractations, d’attente ou d’abandon. Sommes-nous avant ou après l’événement ? Avant ou après le drame ? Est-ce la prémonition d’un bouleversement ou bien son constat ? La peinture de Michèle Tassi dépasse les archétypes urbains sur lesquels elle s’appuie. Ces parkings, ces rues désertes, ces buildings hermétiques sont une invitation à dépasser l’intangible de toute perception ; le mystère apparent des façades et des directions qui ne s’offre que comme propositions, nous emmènent par leur étrangeté, à ce que l’on voit de nous, à ce que l’on perçoit des autres, autant qu’à nos origines et à notre éventuel futur.

ARNAUD BEDOUET
Auteur Dramatique

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©2025 par Etienne Buraud

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