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Magiques

Magiques

Cochon à fourrure
Les trophées de Chardin s’exclament

À l’étal
L’exclamation des bêtes ne surprend pas le désir

La conversation des corps renversés
Porte sur le dieu Eros

Je tends l’oreille

Car l’œil est perdu
Sorti de son habitacle
Submergé

L’effondrement des chairs se repose un instant dans un silence de chambre sourde

La puissance plie les allongés

Je voudrais parler à une figure
La collection des morceaux dépend de la peinture qui n’y touche pas
Une caresse peut-elle encore les atteindre ?

Derrière la clôture
Un grand chien de craîne échappe à la condition des chus

Mes chères natures mortes
Un chasseur vous recueille non comme des métaphores
Ni comme anthropophage
Joue au doute et à la jouie.

Vos longs manteaux collent à vos parfaits déchiquètements

Des réveillées qui ressemblent à des élans
Vous baptiseraient vivants

Dans la nuit de Saint Jérôme
Chevauchée et danses font éclater la beauté
En mille fragments qui sont autant de paroles de peaux

Les animaux malades de la peste rouge
Organisent une veillée

On pratique la déchirure
La coquille de pèlerin cousue à l’intérieur des viscères

Une messe de sang coagule

Suspendre les restes
En attendant le jour du shofar

Un mur de têtes
Des presque hommes

Le paradis ne prend plus la mort aux morts

Je respire de mes ailes de fol
Ayant perdu le sens pour goûter à l’élémentaire

Carapace de cataracte et casque de gargouille
Compose la seule musique
Qui puisse accompagner le bas-relief

Pour milieu monstre

Vous êtes invité à la Leçon d’anatomie
Donnée dans la Maison du sourd

À tous les fervents grimpeurs
Du mont Analogue
Il est offert de voir la croix et sa tête
Qui la déracine prend sur la nuque un masque d’endormi

La condition humaine disparaît
Sinon l’aigle vous laisse à terre
Légèrement déplacés par l’oiseau nous passerons loin du cri

Je vis la nature plonger hors des lettres et des sons
Les ressemblances furent trop nombreuses pour tenir dans le pays sans frontière

Lorsque j’entrepris de secouer l’univers
Dans le panier du temps
Je pris peur enfin d’appartenir à l’art de disparaître
En météore de feu glace

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Magiques

Texte poétique accompagnant le livre Dans le Dernier Chant par Pascal Payen-Appenzeller

Pascal Payen-Appenzeller est un historien, écrivain et poète français, né le 13 mai 1944 à Paris.

Magiques

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©2025 par Etienne Buraud

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