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L'atelier de Roland Buraud

Marie-Laetitia d'Hérouville

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J’ai figé votre atelier en ce début de l’hiver 2010

Début de l’hiver 2010. Le temps est neigeux. Assise à la terrasse chauffée du « Pause Café », je regarde les fenêtres éclairées du troisième étage du passage Josset. Je vois l’ombre d’Étienne se profiler et me faire signe de monter. La place est libre.

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Les derniers visiteurs viennent de partir. Je me sens à la fois excitée, anxieuse, timide et impatiente… Je monte lentement les marches et m’arrête nette devant cette porte noire vernie qui s’entrouvre d’un coup sec, me laissant à peine le temps de reprendre mes esprits…

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Le fils de Roland paraît très affairé et me laisse libre de visiter seule cet espace.

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Tout d'abord, rencontre avec ces immenses triptyques sur fond sombre où les corps blancs se déchirent… Je suis impressionnée… Ils me glacent presque le sang… Mais je ne peux m’empêcher de frôler la texture en relief de la toile. Je recule de quelques pas pour en apprécier l’immensité…

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Juste à côté, d’autres grandes toiles bien alignées les unes contre les autres ne laissent apparaître que leurs bords colorés et une petite pastille portant un numéro… J’aime le graphisme de cette composition même si je ne peux pas apprécier le contenu.

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Étienne est occupé à emballer quelques toiles… Le sol est jonché de gros rouleaux de papiers bulles, papiers krafts, rouleaux de scotchs… Je me faufile le plus discrètement possible et continue ma visite. Je veux lui faire la surprise du reportage photo de l’atelier de son père, dans lequel ce dernier a passé des milliers d’heures à créer, à rêver, à s’évader.

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Me voilà dans la pièce du fond, à droite… Quelques grandes toiles posées sur le mur… Dont un couple sur fond bleu qui m’interpelle. Le sol est recouvert de toiles plutôt colorées… Une large main peinte dépasse, je souris.

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Sur la table devant la fenêtre, des dizaines d’encres magnifiques, formant des rouleaux, s’entremêlent et se reflètent dans la lampe en aluminium… J’aime ces reflets déformants dans l’arrondi de la lampe.

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Mon attention est détournée par une quarantaine de tous petits formats sur le mur, accrochés en quinconce puis par cette magnifique collection de pinceaux suspendus. Mon regard reste rivé sur ce chapeau couleur paille, bordé d’une bande noire, qui surplombe des pots de peintures, des crayons, une équerre en bois, des bombes en tout genre, des brosses… Une forte émotion m’envahit…

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Je retourne voir Étienne, partager un petit café, assis sur des chaises pliantes blanches, en plein milieu de ce grand espace… Le poêle électrique tente de nous réchauffer… Nous échangeons quelques mots… Mais je ne suis pas très bavarde… J’ai presque envie de chuchoter… Ce lieu est si intime…

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Roland, je ne vous aurai jamais rencontré, mais je suis entrée en communion avec ce qu’il y a de plus précieux en vous : vos créations et votre atelier, lieu de naissance de vos œuvres éternelles…

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J’ai vécu un moment extraordinaire… J’ai figé votre atelier en ce début de l’hiver 2010…

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Marie-Laetitia d’Hérouville

©2025 par Etienne Buraud

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